STOCKS – Jean Castex a communiqué à nouveau ce mercredi 16 décembre sur la quantité de vaccins commandée par la France. Et force est de constater que le nombre de doses interroge tant il est supérieur à la population du pays.
Aux députés, Jean Castex a détaillé ce mercredi 16 décembre la campagne de vaccination lancée d’ici la fin du mois et communiqué de nouveau sur le nombre de doses de vaccins qui pourraient arriver progressivement sur le sol français. Dans le cadre d’un accord européen, “la France a précommandé près de 200 millions de doses permettant de vacciner 100 millions de personnes, puisque pour la plupart des vaccins, deux injections seront nécessaires”, a-t-il indiqué avant d’ajouter : “Nous serons livrés au fur et à mesure que les vaccins obtiendront leur autorisation de mise sur le marché.”
La France comptant “seulement” 67 millions d’habitants, cet objectif de vacciner 100 millions de personnes interroge forcément. Début décembre, au moment de présenter la stratégie vaccinale du gouvernement, le Premier ministre avait eu l’occasion de s’expliquer sur ce choix : “C’est plus que nos besoins, ce d’autant que tout le monde ne souhaitera pas être vacciné, mais c’est une marge de sécurité que nous prenons car certains des vaccins en cours de développement pourraient ne pas obtenir in fine leur autorisation et qu’un taux de perte doit être pris en compte.”
Inefficacité et casse envisagées
Deux aléas ont été pris en compte dans la gestion des stocks. D’abord, le fait que parmi les six contrats passés par l’Union européenne avec des laboratoires pour recevoir leur vaccin, tous pourraient ne pas être honorés. Ici, on parle non pas de commandes réelles mais de précommandes de la part de l’Europe (et donc de la France). En effet, certains de ces candidats vaccins n’obtiendront peut-être pas l’autorisation de mise sur le marché de la part de l’Agence européenne du médicament. À ce stade, l’agence doit seulement se prononcer d’ici quelques jours sur la commercialisation des vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna.
“Nous ne paierons à la fin que ce qui nous sera effectivement livré”, a assuré en ce sens le chef du gouvernement. Un aléa qui concernera également les vaccins déjà sur le marché. Comme nous le confiait début décembre une source européenne, “il est possible que certains vaccins se révèlent dans les mois qui viennent pas assez efficaces pour être utilisés à grande échelle”.
Ensuite, la logistique de livraisons de ces millions de doses est telle que de la casse est à prévoir. C’est ce qu’entend le Premier ministre par “taux de perte”. L’acheminement des vaccins à ARNm, comme celui développé par Pfizer et BioNTech, nécessite de les conserver à très basse température, à -70 degrés, et de ne surtout pas rompre la chaine du froid, sans quoi ils ne seraient plus efficaces. Cela suppose d’y ajouter de la glace carbonique lors de leur trajet en avion et une fois arrivés en France, de les stocker dans des entrepôts adaptés.
À ce titre, 50 “super-congélateurs” ont été achetés par le gouvernement, a précisé mi-novembre Olivier Véran, qui seront “reliés à des alarmes” et “entreposés dans des endroits sécurisés à partir desquels des équipes pourront se déployer pour ensuite alimenter tous ceux qui seront amenés à être vaccinés”.
Si le feu vert de l’Agence européenne du médicament est donné le 21 décembre, la vaccination doit débuter en France la dernière semaine du mois de décembre et concerner d’abord un million de personnes dans les Ehpad. 1,16 million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech devraient arriver dans le pays d’ici la fin décembre, selon Jean Castex.